Vanité des vanités… Tout n’est que vanité… L’ombre déchirée marchait lourdement sur la neige grisâtre du monde agonisant. L’humanité se dévorait encore et toujours malgré le paroxysme du conflit pour des causes purement vaines et humaines. Un homme fléchit sous les morsures du froid, la faim bloqua ses jambes puis il tomba dans des eaux noires, sans bruit, seul le vent faisait entendre sa plainte. Un phare s’effondrait au loin, l’océan le submergea peu à peu, une image de cette terre qui passait en jachère.
Owän vit tous les fléaux. Fils d'un riche noble, il ne fut que le cadet et destiné à une vie religieuse. Dans les ordres, il gravit rapidement les échelons grâce à sa provenance et finit rapidement à la tête d'un diocèse. Malgré son titre d'évêque, il fut influencé par les volontés de réforme de l'Eglise et à la plus grande surprise de tous, Owän partit dans les régions ravagées par la peste dans l'espoir d'apporter de l'aide. C'est là qu'il vit l'horreur de la maladie, de la famine et de la guerre. Ses ressources furent rapidement dépassées par la demande. Cependant, ses proches eurent la bonne nouvelle d'un miracle : Malgré son attitude pieuse complètement folle selon certains comme le soin des pestiférés de son propre chef, un miracle voulut qu'il ne contracte ni la terrible peste bubonique ni la mortelle peste qui fauche sans signe. A son retour, son père vit sa colère coupée nette par son fils changé, alors que le noble lui hurla qu'il était dérangé, l'évêque répondit :
« Sachez que si l’esprit peine, le cœur lui ne faiblira pas. »
En son absence, des ecclésiastes avides de sa place dénoncèrent ses familiarités avec les réformes hérétiques, alors que celles ci n'étaient qu'en débat théologiques mais l'inquisiteur obtint un procès. Alors que le jugement annonçait la peine capitale des hérétiques, son père cette fois ci le soutint et obtint un châtiment plus subtil : devenir missionnaire dans l'expédition à la recherche de nouvelles terres.
Owän pensa trouver un lieu de culte, il tomba sur des pauvres âmes désespérées et sans foyer. Cependant ces hommes l’acceptèrent car il connaissait certains dogmes depuis longtemps oubliés. La vigne semblait mal entretenue, les sarments dissipés, les vignerons disparus et le monde déchu. Le prêtre ne cracha pas sur ce nouveau foyer, peut être pouvait-il accomplir quelque chose ? Il voulait donner un visage plus humain à cet ordre au message divin. Une quête peut être absurde mais plus rien ne lui importait.
Vanité des vanités, tout n’est que vanité. La poussière recouvrirait tout, pourtant l’Homme avançait toujours. Seul le salut pouvait désormais les faire marcher.
Le voyage fut long. Une épreuve insupportable, même pour les patients marins. La colère grondait et le prêtre se heurtait à un capitaine inflexible et distant. L'équipage mourrait de faim et plus d'une fois, Owän donna sa part de "privilégié". On parlait de mutinerie, fatigué de voir l'autorité se moquer du danger et par mépris pour le conflit armé, le missionnaire se contenta d'assumer son rôle sans plonger dans le chaos qui s'annonçait. Plus d'une fois, alors qu'il faisait la messe, des marins lui demandaient son soutien. Il répondit du mieux qu'il pouvait, il se privait comme eux la faim le tiraillait mais ses paroles n'atteignait pas le capitaine.