L'aube se lève à peine lorsque je monte sur le pont. La navigation a été difficile cette nuit, la mer était agitée et je n'ai pas le pied marin. Je m'appuie maladroitement contre la rambarde et tente de retrouver un semblant d'équilibre, mais c'est peine perdue : une vague vient s'écraser contre la coque et me mouille copieusement. Saleté de voyage, putain de galère.
La mer, c'est pas mon truc. Moi je viens des Marches. J'ai passé toute mon enfance et mon adolescence au pied des montagnes. Il paraît que c'est là que je suis né mais au fond je n'en suis pas sûr, car je suis ce que l'on peut appeler un bâtard.
Il y a une vingtaine d'années, un agriculteur usé par le temps et la besogne m'a déniché quelque part entre l'enclos de ses porcs et son tas de fumier. Quelqu'un m'avait déposé là. Je dis
quelqu'un faute de mieux car je ne suis l'ascendant de personne. D'ailleurs "
quelqu'un" est un terme encore trop respectueux, mes géniteurs ne valant pas mieux que les rats. Le pauvre vieux qui m'a déniché là a fait de son mieux et, avec le soutien des fermes voisines, je n'ai manqué de rien durant toute mon enfance. La peste commença à se propager alors que je venais de fêter mes quinze printemps. Cette salope emporta le peu de famille que la providence m'avait donnée.
J'ai pris la fuite par le Nord et passé plusieurs dizaines de jours dans le massif montagneux du duché des Aurons. Comme je n'étais pas assez protégé contre le climat rude des hauts plateaux, j'ai progressivement regagné l'ouest et les terres plates du duché d'Orle. Il m'a semblé plus facile de survivre dans la multitude, aussi me suis-je réfugié dans la cité Port Constance. Etant en pleine force de l'âge, j'ai cherché à travailler pour gagner un peu d'argent mais j'ai rapidement compris que la débrouille et l'embrouille me rapporteraient davantage. Très vite j'ai développé une aisance et un savoir-faire remarquables dans l'art de tromper les gens, de leur extorquer ce dont j'avais besoin ou envie. C'est à un camarade de mésaventure que je dois mon nom : Larcin, Nico Larcin. Nico étant le prénom que me donnèrent les fermiers auprès desquels j'ai grandi.
Et puis la rumeur d'une nouvelle colonie s'est peu à peu répandue dans la cité portuaire. A entendre les ragots, j'en suis venu à me dire que ce serait pour moi l'occasion de prendre un nouveau départ. Me voilà donc sur ce bateau, fouetté par les embruns, tentant de garder mon maigre dîner d'hier soir.
Je ne sais ce que je trouverai au bout de ce voyage, si la terre que je devine désormais sur l'horizon me sera plus bénéfique que celle que je laisse derrière moi. Je ne suis pas fainéant et j'aspire à une vie paisible et honnête. J'essaierai d'apprendre un métier et d'être à l'heure chaque matin pour le faire. J'essaierai d'être digne si la vie me donne l'opportunité de l'être...
HRP
Nom : Nico Larcin
Religion : luminisme
Région d'origine : duché des Marches
Métier : j'hésite encore... peut-être Taillandier ?
Edit : oups, je viens de voir que je n'ai pas posté ce sujet dans la rubrique adéquate... toutes mes excuses et merci d'avance au staff de rétablir la situation. 
